Visite chez Fabrice - 21/07/2024

 Le Départ.

De la grande Mosquée de Rubavu à 7h43, le bus dans lequel j'étais démarra. Tout au long de mon voyage en allant chez Fabrice j'étais inquiet et perplexe à propos de la situation de l’enfant, comment j’allais le trouver, dans quel état? J’avais beaucoup de questions à lui poser, surtout à propos de ses deux dernières journées.

 Petit boulot des jeunes.

 Pendant les vacances les jeunes de leur village font plusieurs activités pour se faire un peu d’argent. L’une des activités les plus pratiquées est la manutention et fabrication de briques cuites. 

 Là-bas, une chaîne d’ouvriers passe les briques de la terre au four. Les premiers extraient la terre argileuse et en font une boue bien malaxée, la passe a une forme pour ensuite la sécher au soleil. Après que les briques aient séchées au soleil, les porteurs les emmènent au four pour être cuites au feu de bois. Pour être ensuite acheminée aux camions après leur cuisson. 

C’est dans ce travail de manutention que la jeunesse se retrouve souvent ne requérant pas de connaissance ni d'expérience particulière. Pour chaque brique porté on les paie 3 Rwf par brique. Les ouvriers rentrent avec leur argent quotidiennement après le décompte du travail accompli par chacun. 

 A noter qu’au Rwanda a 16 ans il est légal de travailler, Fabrice est né le 28/06/2008.

 Mésaventure de Fabrice. 

 D'après le narratif de Fabrice, il a travaillé deux jours d'affilée et a reçu 1,650 Frw. Avec cette somme, vendredi dernier 19 juillet, il a décidé d’aller à Ngororero pour acheter des cannes à sucre et les revendre dans son village. Arrivé la bas il a rechercher un vendeur sans succès. Il raconte que comme il se faisait tard et ne pouvant pas rentrer, il rechercha une famille pour l'héberger. Personne ne voulait l'accueillir. Dans sa recherche d’un endroit où passer la nuit il a trouvé une maison inoccupée ou il a dormi. Vers 3 heure du matin un groupe d’hommes qui faisaient la ronde l’y ont trouvée et l'ont tabassé. Le coup le plus dur qu’il a reçu est un coup de bâton à la tête dont la blessure est toujours bien visible. Il a aussi reçu des coups un peu partout, notamment aux pieds et aux mains qui étaient visiblement enflées eux aussi. Ces hommes lui ont demandé de quitter les lieux immédiatement, il s’en est allé.

 Ne pouvant pas marcher longtemps à cause des coups, il s’est couché au bord de la route, non loin de l'hôpital, en attendant le lever du jour. C’est samedi vers 12h que j’ai reçu un sms d’un téléphone inconnu me disant qu’un enfant du nom de Fabrice est malade et a besoin d’assistance. Je n’ai pas tout de suite réagi, sachant que plusieurs arnaqueurs opéraient de cette manière là. Ce que j’ai fait c’est d’appeler sa maman pour lui demander comment allait Fabrice et s' il était à la maison. Elle m’a dit qu’elle n’a pas de nouvelles de lui n’ayant pas dormi à la maison. Ensuite, l’etranger m’a cette fois-ci appelé et m’a expliqué la situation. Je lui ai demandé pourquoi

Fabrice ne lui avait pas donné le numéro de sa maman, il ignorait la raison. Je lui ai donné le numéro de la carte d'identité de la mutuelle de santé que la maman m’avait donné pour les soins du garçon. 

C’est un peu plus tard qu’il écrit un second sms me demandant pourquoi j’ai seulement envoyé l'identité et non l'argent pour payer ses soins? Je lui ai dit qu'une fois soignée, qu’il m'envoie le code de l'hôpital sur lequel je vais payer la facture. Il me dit que non, parce que l'hôpital n’a pas de code. Me demandant si cela était possible qu’au Rwanda il y ait un hôpital qui n’aurait pas de code, l'inquiétude d’une arnaque revint à l'esprit, d’autant plus qu’il ne me disait pas le montant à payer. 

 Un monsieur, garde malade m’a aussi appelée par après me disant qu'il vient de voir un enfant qui dormait sur le banc de l'hôpital qui a besoin de soins. Je lui demande de me le passer pour que je lui parle à vive voix. Étant sur la route pour acheter des unités, j’ai dû attendre qu’il revienne à l'hôpital. Il me l’a passée. C'était bien lui. Etant plus rassurée, j’ai demandé à ce bienfaiteur de m’aider à le faire soigner jusqu'à la fin, ce qu’il accepta sans problème. Me disant que de toutes les façons il dort à l'hôpital, ayant un malade interné. Pour faire le suivi, j’appelais environ toutes les 30 minutes.Il fut soigné et on lui donna des médicaments.

 Au total j’ai payé 850 Frw pour la consultation et les médicaments. J’ai aussi donné 1,150 Frw au bienfaiteur pour qu’il achète quelque chose a manger a Fabrice car il avait faim (La somme inclut les frais de retrait).

 Retour au bercail

 C'était déjà le soir, et il fallait impérativement que Fabrice dorme dans sa famille pour son confort et éviter une autre mésaventure qui pouvait arriver. C’est après avoir épuisé toutes mes contacts de motard de la place et avec l’aide de la maman, nous disaient tous qu’ils n'étaient pas disponible étant loin ou déjà rentrés chez eux. C’est le professeur titulaire qui réussit à nous trouver un motard qui a fait rentrer le garçon. Comme c'était le soir, presque la nuit, il augmenta le prix à 5,000 Frw. Ce que je suis obligé de payer vu la situation. Fabrice est arrivé chez eux à un peu plus de 20h.

 La visite

 Je suis arrivé à la maison des parents de Fabrice un peu avant 12h. Aucun enfant ne se trouvait à la maison, ils étaient dans la rue en train de jouer. La maman était allée prier à l'église car c'était dimanche. Le beau père dormait dans la cour arrière avec un doigt avec un pansement, il s'était blessé en travaillant avec sa machette me raconta-t-il. En attendant les autres, il me confia aussi que Fabrice s'était beaucoup amélioré en comparaison avec quand il est arrivé. Il ne fait plus de grosses fautes, seules de petites erreurs qui sont normales pour tout humain.

 Fabrice qui m’avait aperçu passer vint sans trop tarder car il m’attendait. La petite sœur accouru juste après avec sa bande d'amis. Les salutations d’usage furent très brèves. Fabrice était très sale, je l’obligea à aller se laver avant tout autre chose. Ce qu’il fit, mais en traînant les pieds…

 C’est après s’être fait propre que sa maman revint de la prière. C’est a comment que nous eurent une longue discussion dans laquelle il nous raconta son malheur d’il y avait deux jours. La maman dans la cuisine pour nous faire un repas, le papa allant et venant en arrangeant de petits trucs ici et là, les enfants se racontant leurs petites histoires, tous on écoutait son récit et posait des questions de temps à autre.

Après notre repas, j’ai offert à Fabrice les belles chaussures blanches, le cadeau de l’ASEL. Son visage grave s’illumina dans l’instant. Je lui ai dit que c’est un encouragement que l’association l’envoie pour les résultats excellents qu’il a eu à l'école. J’ai confié à sa maman 2,900 Frw pour acheter du matériel pour qu’il se fabrique un beau ballon de foot. Il devra continuer à avoir la même performance même en 4 eme primaire afin qu’il puisse un jour arriver à son rêve d'être un sous-officier dans l'armée Rwandaise (RDF).

 Une activité constructive

 Deux dimanches par mois, au centre de santé à 15h00, les jeunes du village vont dans une rencontre organisée par Imbuto Foundation, une organisation fondée par la première dame du pays. Dans ces réunions, ils discutent de la problématique autour de la reproduction, ainsi que la création d'activité génératrice de revenus.

 A 15h moins 20, Fabrice, sa maman et moi on quitta la maison pour ne pas être en retard. Je voulais absolument voir l’environnement et rencontrer la dame qui les encadre. Malheureusement a notre arrivée l’instructrice n'était pas encore arrivée. D’autres jeunes attendaient la rencontre en jouant au foot. Malheureusement Fabrice ne pouvait pas les rejoindre à cause de ses courbatures.

 Le titulaire de Fabrice nous rejoignit au centre de santé, ou Fabrice attendait de participer à sa réunion. Il nous confia qu’il croit que le directeur va lui demander de continuer l'année prochaine avec la classe de Fabrice en 4eme. Il encouragea son élève, et promis de continuer à collaborer pour son succès.

 Il se faisait tard, il était temps de rentrer. A partir du centre de santé, je dis au revoir et pris ma moto pour me rendre à la gare de Ngororero pour Rubavu et Rubona.

 Les Finances

Deux jours avant le voyage j’ai reçu 50,000 Rwf qui ont été utilisé de la manière suivante :

  Conclusion

le voyage s’est bien passé. Fabrice va mieux après sa mésaventure, il est rassuré et est en sécurité. Je continuerais à appeler souvent pour prendre de ses nouvelles et anticiper les dérapages qui peuvent arriver.

 Patience NDUWAWE, pour l'ASEL