• Objectif MARS

     

     Objectif MARS

    Le nième retour au bercail de Fabrice.

    Fabrice, l’enfant que l’Association ASEL tente tant bien que mal à remettre sur le droit chemin, est réapparu ce dimanche 11/02/2024 à la Maison pour Tous Inzu ya Bose. après un séjour case prison ...N’ayant pas fait 2 mois chez sa maman, où il avait été envoyé en Décembre dernier, une action immédiate se devait d’être faite pour que l’enfant ne reprenne pas goût à la rue.

     Objectif MARSFabrice dans le bus, retour au bercail, réfléchissant à son avenir.

    Il fallait d’urgence le ramener  dans sa famille, faire comprendre à sa mère et au beau-père qu’ils doivent prendre leur responsabilités et se rassurer qu’il reprenne bien l’école!

    Le soir même il est venu dormir chez moi en ville, pour que tôt le matin je l’accompagne jusque chez lui. Le lendemain, sur le chemin de la gare routière on a rencontré un policier qui le connait à roder au rond-point de la Brasserie et lui demande où il allait. Je lui ai expliqué que je ramène Fabrice chez sa maman dans le Ngororero. Le policier s’est étonné d’apprendre qu’il a une maman tellement ils l’on connu comme enfant de rues. Avec un air sévère de policier il lui dit : « Comme tu as la chance que quelqu’un te ramène chez toi, si on te revoit sillonner les rues à la Brasserie on te mettra en prison, et surtout chez ta maman étudie, réussis et soit sage ! »Arrivés à la gare routière nous avons pris le bus qui nous a menés jusqu’à la gare de Ngororero, une durée d’environ 4 heures. Ensuite on a pris chacun un taxi moto jusqu’au village où réside sa maman et son beau-père. Ce tronçon a moto dure environ une heure. 

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    A notre arrivée, dans le petit village de Gatovu (Situé dans la Cellule de Nyamugeyo, Secteur de Kavumu dans le district de Ngororero), la maman de Fabrice nous attendait à la maison avec sa sœur Sifa de 4 ans. Son frère Junior lui était à l’école où il étudie en 4 -ème primaire. Son beau-père, Pierre, lui était au boulot, mais il nous a rejoint quelques minutes plus tard quand on l a informé de notre arrivée.

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    Quand tout le monde fut réuni, je me suis présenté et ai expliqué l’objet de ma mission de ramener Fabrice à la maison, et j ai discuté avec ses parents sur son bien-être et son retour à l’école. A leur tour ils se sont présentés, tout en affirmant qu’ils étaient prêts à faire leur part pour que Fabrice revienne sur le droit chemin.

    Mais avant le début des palabres, pour la culture rwandaise, on accueille les visiteurs. Un repas bien chaud nous attendait, du riz, haricots et des légumes d’amarantes (Dodo). Les adultes nous avons mangé au salon en partageant tout sur un plateau, tandis que les enfants dans l’arrière-cour de la maison idem sur un plateau.

    La maman de Fabrice à table. 

     Objectif MARS   Objectif MARSLe beau-père de Fabrice à table

    Comme le temps pressait nous avons décidé d’aller d’abord à l’école où Fabrice étudiait, avec comme mission de constater si il y a des difficultés d’accès, l’état de l’école, l’état d’esprit des enseignants,  pour finalement l’inscrire qu’il recommence à étudier.

    L’école se trouve à 5 minutes de marche, malgré les hautes collines de la région, pas de montée ni descente notoire, c’est juste sur le même plateau du village de Gatovu. 

    La petite Sifa nous accompagnant.

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    Fabrice, sa sœur Sifa et leur maman vers la direction de l'école.

    Arrivée à l’école, ce que je constate c’est une petite école qui n’est pas mal par rapport au standard du Rwanda. Les élèves étaient en classe et tout était calme. Nous nous dirigeons vers la direction pour pouvoir parler au directeur de l’école pour réinscrire Fabrice

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    De beaux paysages sur le chemin. 

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    Dès que ses anciens professeurs l’ont vu, ils se sont écrie ensemble : « Kazungu, comment tu vas ? ». 

    Kazungu c’est le surnom par lequel il est connu au village, au Rwanda on le donne souvent aux personnes qui ont la peau claire en allusion à la peau des blancs car Kazungu signifie le Petit Blanc. Ils ont demandé où il était tout ce temps ? Je leur ai expliqué son parcours chaotique. Je leur ai dit l’objet de ma visite d’inscrire Fabrice. Alors une grosse discussion commença…Fabrice voulait aller en 4 -ème, les professeurs ont attesté qu’il en était capable parce qu’ils savent qu’il est intelligent. Les professeurs lui ont demandé son bulletin du premier trimestre qu’il dit avoir passé en 4 -ème à l’école de Rambo quand il était à Gisenyi, mais il ne l’avait pas. Comme il insistait, j’ai appelé le préfet des études de Rambo pour savoir si Fabrice avait un bulletin de 4 ème, il a répondu qu effectivement il a étudié chez eux, mais n’a jamais fait d’examens en quatrième, donc il ne pouvait pas avoir de bulletin. Ses professeurs on dit qu’effectivement c’est là le problème de Fabrice, il est intelligent mais à cause de son instabilité il ne termine jamais ses trimestres, car chez eux aussi quand il était en troisième il n’a pas terminé le troisième trimestre. Le professeur nous a expliqué que sans bulletin qui atteste qu’il a fini sa 3eme année ni celui de quatrième, ils ne peuvent malheureusement pas l’accueillir en 4 ème. On a dû jouer au psychologue en lui expliquant, jusqu’à ce qu’il revienne à la raison et accepte de retourner en 3eme. Mais comme c’est une école publique, il y a une règlementation à suivre.

     

    Avec ce compromis, on l’accueillera avec la certitude qu’il réussira, mais à condition qu’il reste stable et termine ses trimestres…

    Sur ce, ses frais scolaires, uniformes et matériel ont tous été payés afin qu’il soit dans de bonne conditions pour qu'à son tour il accomplisse sa responsabilité d’étudier et de bien réussir. Il promet à tous qu’il le fera.

    Après l’au revoir aux professeurs, on passe par la classe de son frère Junior de 11 ans, qui sort pour nous saluer. Ils se ressemblent beaucoup…

    Les profs en pleine séance de psychologie. Fabrice avec son frère Junior.

    Au retour à la maison, il était temps pour la discussion familiale. Son beau-père nous attendait. Tout le long du chemin, je parlais avec Fabrice en lui demandant quels sont les problèmes qu’il a à la maison qui font qu à chaque fois il quitte chez lui. 

    Voici un petit résumé :

    On garde les habits de Fabrice sans lui laisser des rechanges :Fabrice : Ici à la maison maman garde tous mes beaux vêtements et ne me laisse sans aucun autre pour me changer.

    Maman : C’est vrai je garde ses vêtements parce Fabrice a la manie de revendre ses vêtements, en plus à des prix dérisoires. Aussi il a la manie de ne pas lessiver, il les porte jusqu’à ce qu’ils deviennent tout noir de saletés. Je garde ses habits pour les protéger.

    Fabrice, est ce que je mens ?Fabrice : Non, tu ne mens pas. C’est vrai qu’il m’arrive de les vendre.

    Compromis : Que maman te laisse les habits que tu portes et te donne en plus des autres pour un seul rechange et garde les autres plus beaux pour tes sorties. Si tu les vends, ta maman ne te donnera plus d’habits de rechange. C’est très mauvais de vendre ses propres affaires quand on est enfant.

    Les punitions du beau-père :Moi : J’ai entendu dire que le beau-père de Fabrice le punissait méchamment. Est-ce vrai ?Maman : Mon mari depuis qu’on est ensemble il a puni Fabrice que 2 fois seulement. Et vu le nombre de grosses bêtises qu’il faites, mon mari s il était mauvais, ce serait tous les jours qu’il le punirait.

    Moi : Fabrice, c’est vrai que ce n’est que deux fois que ton papa t’a puni ? Si oui, qu’est-ce que tu avais fait dans les deux cas ?Fabrice : Oui, c’est 2 fois. La première fois nous avions coupé à la machette une porte qui ne fermait pas et la seconde on avait volé des carottes dans un champ d’autrui.

    Moi : Oh, c’était de très grosses fautes… Si c’était ton fils qui les avait faites, tu ne le punirais pas?

    Fabrice : Si, je le punirais.

    Beau-Père : En fait Fabrice si on le punissait à chaque bêtise qu’il fait, ce serait la catastrophe car il en fait tellement. Des vols surtout, des téléphones, des habits ou récoltes dans les champs. Mais paradoxalement ici il ne vole jamais.

    Maman : Si, il nous a déjà volé, mais il y a longtemps.

    Moi : Fabrice, tu sais que même les voleurs n’aiment pas les voleurs. Tu sais pourquoi ?

    Fabrice : Parce qu ils auraient peur d’être volés à leur tour…Laisser dormir Fabrice dehors à la belle étoile :Moi : J’ai entendu dire que vous laissiez Fabrice dormir dehors, est-ce vrai ?Maman : Non, ce n’est pas vrai. Fabrice a la manie quand il sait ou croit avoir fait une bêtise, il refuse ou a peur de rentrer à la maison. Et il ne dort pas loin d’ici. Quand j’apprends où il est, j’envoie son frère le chercher pour lui demander de rentrer, mais il refuse. Parfois je suis obligée de lui envoyer de quoi manger pour lui éviter la faim dans le froid.Beau-père : Quand je vois Fabrice trainer dehors et que je lui dis de rentrer, il rentre mais il ressort par derrière. Moi : Fabrice, c’est vrai ce que tes parents disent ?Fabrice : Oui c’est vrai. Il y a des fois que maman me demande de rentrer et je refuse.

    Moi : Tu sais quand on fait une bêtise, on demande pardon.

    Fabrice n’aime pas faire les corvées de famille:

    Maman : Fabrice n’aime pas faire les corvées ici. Il nous aide quand il en a envie, alors on le laisse.

    Moi : Mais Fabrice, la vie c’est le travail. Si tes parents t’enseignent à travailler, ce n’est pas seulement pour que tu les aides, mais aussi pour que tu t’habitues à travailler. Car quand tu feras ta propre famille, comment tu vas la nourrir sans travailler ?

    Fabrice : En travaillant.

    Moi : Voilà…

    On a continué à parler de ceci ou cela.

    Vers 15h, comme il se faisait tard, il était temps de rentrer et revenir à Gisenyi.

    Nous avons fait un crochet au travail de Mr Pierre, le beau-père de Fabrice.

    Il travaille a un moulin électrique avec lequel il mout surtout le maïs, le sorgho et le manioc. C’est un métier saisonnier car ils ont beaucoup plus de clients à la récolte de ses plantes.

     Objectif MARS Objectif MARS Objectif MARS

    Le beau-père, Mr. Pierre au boulot. 

    Comme toute journée fructueuse elle finit toujours par prendre fin. L’essentiel se sont les résultats. Retour de Fabrice dans sa famille, son inscription à l’école et surtout la mise à plat des toutes les tensions entre lui et les membres de sa famille. 

    Sans dormir sur nos lauriers, nous sommes tout à fait conscients que le plus gros reste à faire. Il faut faire un suivi régulier, pour qu’il ne se sente pas seul et qu’il soit toujours remis sur le droit chemin à chaque écart, avant qu’il ne soit pas trop tard.

    De retour chez moi vers 23h00, je suis tombé de fatigue, mais heureux d’avoir contribué au grand dessin de l’ASEL.

    FIN

    Par

    Patience NDUWAWE NZABANITA

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