André Christophor Pawliw

La 5^e saison - Abbaye de Brialmont, 2022

La 5^e saison…

Nous savons tous que, dans nos pays, il n’y a que quatre saisons dans l’année :

la 5^e ne peut être que le commencement d’une année nouvelle.

Et c’est bien cela, je crois, que la présente exposition veut suggérer.

Ceux qui nous suivent depuis dix ans savent comment tout a commencé : la perte soudaine d’un enfant, enfant unique, le vide absolu qui a suivi ce deuil qui n’aura jamais de fin, l’errance dans les monastères, puis une lueur dans l’idée d’aller s’occuper d’enfants au Rwanda (un pays qui, lui, ne connaît pas les quatre saisons !)

Le projet a pris corps sous le nom d’« Enfants-Lune », en souvenir de Sarah (surnommée « Sarahmoon », qui était née au Rwanda), et l’on vit naître à plusieurs initiatives au Rwanda : le « Coeur de Marie » a offert à quelques très jeunes mères célibataires la possibilité de gagner leur vie et d’élever un peu plus dignement leur enfant, des essais d’agriculture biologique (dite « permaculture ») ont donné des fruits dans un petit village de montagne, un certain nombre de petites écoles appliquant la méthode Montessori ont vu le jour ici et là à travers les Mille Collines et des enseignants y ont été formés… jusqu’à ce que la crise sanitaire s’en mêle et arrête les constructions.

L’histoire n’est d’ailleurs pas finie, et ces derniers mois nous avons eu la joie de voir Gilbert, un enfant de dix ans paralysé et qui était fort mal en point, accueilli par une école inclusive tenue par une minuscule communauté, les Soeurs missionnaires de la Paix du Christ-Roi, dans un petit village de montagne : en quelques semaines, Gilbert a été littéralement transfiguré grâce aux soins à la fois attentifs et particulièrement intelligents de ces religieuses qui ont compris comment créer un milieu dans lequel des enfants handicapés peuvent trouver un développement normal.

Toutefois, le Rwanda n’était pas destiné à être un lieu de vie permanent, ne serait-ce que parce qu’il fallait financer les projets. Entre les voyages, des contacts en Belgique ou à travers l’Europe permirent de récolter des dons, des contributions volontaire, et aussi des idées.

 Une vocation artistique latente suggéra d’organiser une série d’expositions en divers lieux ; cela permettait tout à la fois d’écouler l’artisanat fabriqué par les jeunes mères célibataires du Coeur de Marie, de vendre des tableaux à leur profit, et de faire connaître l’association.

Le temps passa comme les saisons : après l’hiver où tout semblait gelé, le printemps avait pointé, puis l’été avec des réussites encourageantes … mais inévitablement l’automne devait venir aussi, avec certes une belle récolte, mais aussi l’annonce qu’il était peut-être temps de procéder autrement, car personne ne rajeunit.

Voilà donc que s’annonçaient une nouvelle année, une 5^e saison, et d’autres défis.

Les défis, en effet, sont arrivés tout seuls. De terribles inondations, que l’on n’aurait pas cru possibles en Belgique, ont dévasté notre région, et les services officiels ont été débordés de toute part. Il n’y a pas lieu de décrire ici les très graves dommages subis par les habitants, tout le monde s’en souvient.

Plutôt que de rester à Bruxelles à regarder les nouvelles, Chan fraichement rentrée, s’est embarquée dans des convois recueillant des dons et apportant de l’aide en tout genre, couvertures, matériel domestique, et repas chauds. Ce n’était plus à 10.000 km de chez elle, mais ce n’en était pas plus facile pour autant ! Le même altruisme déterminé qui avait surmonté bien des obstacles en Afrique permit de trouver des camions, des chauffeurs, des donateurs et des bonnes volontés pour alléger la peine de ceux qui vivaient dans des logements provisoires, dont le ménage avait été détruit par l’eau, et qui avaient parfois passé la nuit sur un toit en attendant des secours.

Car tout n’a pas pris fin quand l’eau fut évacuée, loin de là : il fallait encore tout reconstruire, et nous savons que c’est pas fini…

Mais si la nature peut être méchante, l’être humain l’est hélas encore bien plus…

Au milieu de l’hiver est arrivée une nouvelle encore plus incroyable : trois quarts de siècle après Hitler, voilà que survient à nouveau une guerre en Europe ! L’attaque russe sur l’Ukraine, menée avec les pires techniques disponibles aujourd’hui — bombes atomiques exceptées — fait des ravages inimaginables, tuant des milliers de personnes, soldats et civils, et détruisant des villes entières sous les bombes, et laissant libre cours aux pires attitudes que se permettent ceux qui croient avoir la force des armes. Des millions d’Ukrainiens cherchent refuge ailleurs, et on ne peut d’ailleurs que saluer la solidarité des divers pays d’accueil, qui font de leur mieux pour offrir à ces concitoyens européens un minimum de confort, tout en soulignant aussi que nombre d’Ukrainiens font preuve d’un courage exceptionnel, et veulent rentrer dans leur pays pour le reconstruire aussitôt que possible.

Si la guerre montre toute son horreur, elle a au moins l’avantage de faire apparaître un esprit de fraternité dont on voudrait bien qu’il s’installe pour toujours dans nos coeurs, avec tous nos frères humains, et pas seulement avec ceux qui vivent à côté de nous.

Oui, c’est cela la 5^e saison : non pas rester chez soi bien au chaud, mais répondre aux défis de la vie en y faisant face avec coeur, se faire de nouveaux amis en partageant la souffrance de qui est atteint par le sort, que ce soit celui de la nature ou le fruit de l’arrogance des hommes.

Et aussi… faire la connaissance d’autres amis artistes, stimulés par l’idée d’une exposition en ce lieu où convergent la paix monastique, la prière, chorale ou silencieuse, un accueil ouvert à tous, un souci écologique (merci pour les champignons !), la proximité des lieux qui furent dévastés par les eaux l’an dernier, et la présence de ceux que la guerre a mis sur les routes ou de ceux qui font de leur mieux pour leur venir en aide par un ami pasteur Ivan Timoshenko, connu durant les convois d'aide à Liège, il est ukrainien et se dévoue corps et âme aux réfugiés, il habite le village voisin du château!.

Les oeuvres exposées, vous le verrez, relèvent de genres différents, de la peinture figurative expressive, avec une nouvelle technique que chan a trouvée mêlant l'art traditionnel rwandais à ses tableaux faits de textiles assemblés l'ibitengue, des céramiques de Diane, connue dans la jeunesse de Chan, des photos du P. André Pawliw, moine de Chevetogne et canadien d’origine ukrainienne. Nous entendrons aussi des chants venus d’Ukraine par des réfugiés ukrainiens réunis par le pasteur Ivan Timochenko. 

Rappelons que les ventes de Chan Descampagne , NADIA, Diane Wolf et André Pawliw seront faites au profit des victimes des inondations, et au profit de l’Ukraine, 

Diane Wolf  ChanMoon Descampagne

Chacun porte son message, et ce n’est pas à moi qu’il revient d’en donner la clé, car toute oeuvre artistique est un dialogue muet entre l’artiste et ses admirateurs. 

p. Ugo Zanetti
Monastère bénédictin
B-5590  Chevetogne

zanetti@monasterechevetogne.com
zanettiugoa@gmail.com 

 André Christophor Pawliw

expo prix tableaux 5 -ème saison de l âme!

http://enfantlune.revolublog.com/expo-5eme-saison-de-l-ame-gallery259963